Publié deux ans avant
"Battements d'ailes", ce roman raconte déjà, la fascination d'une
jeune fille pour une autre femme, en l'occurrence sa grand-mère. Elle nous en
dresse un portrait plein d'amour et d'admiration et l'on découvre petit à petit
une femme à la fantaisie trop grande pour son époque, et son monde, pour qui
l'écriture a été de tout temps, l'échappatoire lui permettant de supporter le
rôle qu'on veut la voir jouer au quotidien.
De la jeune fille que l'on
bat parce qu'elle écrit des lettres d'amour à ses prétendants, à la grand-mère
qui confie, à sa petite fille, l'histoire de son unique amour pour un homme
jamais revu, en passant par un mariage de raison, Milena Agus nous parle, sans
en avoir l'air, de la lutte de cette femme pour parvenir à se faire aimer. Mais
lorsque la narratrice trouve, par hasard, le carnet secret de sa grand-mère, le
portrait est remis en question et tout est à reprendre.
C'est le deuxième roman de
cette auteure que je lis et j'y ai pris autant de plaisir que la première fois,
peut-être même plus, car il me semble plus profond et encore plus personnel.
Milena Agus ne dit-elle pas dans un colloque en 2007 :
"J'ai découvert que
l'écriture, contrairement à la musique, aux langues, au sport et aux autres
matières apprises au lycée, rachète le réel, et d'une façon toute particulière.
Prenez quelqu'un que personne n'aime, dans la réalité : si vous le transformez
en personnage, vous pouvez le faire aimer beaucoup. J'ai écrit sur des gens qui
n'avaient ni chance ni amour dans leur vie, en espérant qu'ils en trouvent au
moins auprès de mes lecteurs".