jeudi 21 octobre 2010

Katherine Pancol : LA VALSE LENTE DES TORTUES, Albin Michel, 2008


Ce roman m'a été donné par l'une de mes hôtes qui l'avait acheté juste avant de prendre l'avion, mais qui s'est rendu compte qu'en fait, elle l'avait déjà lu. C'est dire s'il l'avait marqué ! C'est donc avec peu d'enthousiasme que j'en ai entrepris la lecture; elle me l'avait bien dit : "Ca se lit... C'est la suite de "Les yeux jaunes des crocodiles", mais ce n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour lire celui-ci". 

Et bien ce dont je suis sûre, c'est que je n'achèterai pas le premier, ni aucun autre livre de Katherine Pancol, tant je me suis ennuyée à subir, à longueur de chapitres, des phrases creuses et des sentences dignes du courrier du coeur de n'importe quel magazine. J'apprends dans sa biographie que K. Pancol a suivi des ateliers d'écritures, et bien ça se voit. Rien de personnel, rien de vrai, tout est construction artificielle, cliché. Les personnages sont caricaturaux, les situations, soit d'une banalité crasse, soit d'un grotesque énorme. L'intrigue elle-même est cul-cul : une femme tombe amoureuse du mari de sa soeur, "l'amour sera-t-il le plus fort ?". Mais comme il n'y en a rien à dire, il faut y ajouter un serial killer, un quartier bourgeois, un peu de lutte des classes – enfin c'est un bien grand mot pour parler des relations entre la concierge et les locataires de l'immeuble -, un petit-fils de la reine d'Angleterre, un nourrisson savant (réincarnation d'Einstein suggérée....). 

Je vous assure, je ne vous mens pas, le roman est bourré de phrases comme celles-ci : 

"La société actuelle pousse les gens à la violence comme seule affirmation de soi." 

"Une vie de femme au foyer se règle comme une entreprise. La concurrence est partout, prête à vous débarquer ! Elle l'avait oublié, et le réveil avait été brutal." 

"Joséphine se forçait à garder l'espoir. On peut tout perdre, les deux bras, les deux jambes, les deux yeux, les deux oreilles, si on garde deux sous d'espoir, on est sauvé". 

J'arrête là ! 

Le seul mérite de ce livre, c'est de reproduire un "Extrait d'un manuel catholique d'économie domestique pour les femmes, publié en 1960" dont je ne résiste pas à reproduire ici quelques bons passages : 

"Vous vous êtes mariée devant Dieu et les hommes. 
Vous devez être à la hauteur de votre mission. 

LE SOIR QUAND IL RENTRE 
Préparez les choses à l'avance afin qu'un délicieux repas l'attende. C'est une façon de lui faire savoir que vous avez pensé à lui et que vous vous souciez de ses besoins. 

SOYEZ PRÊTE 
Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d'être détendue. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. Il a passé la journée en compagnie de gens surchargés de soucis et de travail. Sa dure journée a besoin d'être égayée, c'est un de vos devoirs de faire en sorte qu'elle le soit. Votre mari aura le sentiment d'avoir atteint un havre de repos et d'ordre et cela vous rendra également heureuse. En définitive, veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle. 
(...) 
ECOUTEZ-LE 
Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire, mais son arrivée à la maison n'est pas le moment opportun. Laissez-le parler d'abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres. 
(..) 
LORSQU'IL A FINI DE SOUPER DEBARRASSEZ LA TABLE ET FAITES RAPIDEMENT LA VAISSELLE 
Si votre mari propose de vous aider, déclinez son offre car il risquerait de se sentir obligé de la répéter par la suite et, après une longue journée de labeur, il n'a nul besoin de travail supplémentaire. Encouragez-le à se livrer à ses passe-temps favoris et montrez-vous intéressée sans toutefois donner l'impression d'empiéter sur son domaine.Faites en sorte de ne pas l'ennuyer en lui parlant car les centres d'intérêt des femmes sont souvent assez insignifiants comparés à ceux des hommes. Une fois que vous vous êtes tous les deux retirés dans la chambre, préparez-vous à vous mettre au lit promptement. 
(..) 

EN CE QUI CONCERNE LES RELATIONS INTIMES AVEC VOTRE MARI 
Il est important de vous rappeler vos voeux de mariage et en particulier votre obligation de lui obéir.Sil estime qu'il a besoin de dormir immédiatement, qu'il en soit ainsi. En toute chose, soyez guidée par ses désirs et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime. 

SI VOTRE MARI SUGGERE L'ACCOUPLEMENT 
Acceptez alors avec humilité tout en gardant à l'esprit que le plaisir d'un homme et plus important que celui d'une femme. Lorsqu'il atteint l'orgasme, un petit gémissement de votre part l'encouragera et sera tout à fait suffisant pour indiquer toute forme de plaisir que vous ayez pu avoir. 

SI VOTRE MARI SUGGERE UNE QUELCONQUE DES PRATIQUES MOINS COURANTES 
Montrez-vous obéissante et résignée, mais indiquez un éventuel manque d'enthousiasme en gardant le silence. Il est probable que votre mari s'endormira alors rapidement : ajustez vos vêtements, rafraîchissez-vous et appliquez votre crème de nuit et vos produits de soin pour les cheveux. 

VOUS POUVEZ ALORS REMONTER LE REVEIL 
Afin d'être debout peu de temps avant lui, le matin. Cela vous permettra de tenir sa tasse de thé du matin à sa disposition lorsqu'il se réveillera." 

On revient de loin !

4 commentaires:

  1. J'espère pour toutes qu'on en est vraiment revenues ... Mais j'ai bien aimé le passage sur les "pratiques moins courantes" !!! Bon, à mon avis aussi, malgré son succès Pancol est illisible. Je vois que tu es très remontée : tu as dû vraiment t'embêter.
    Bonne nuit !

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  2. Effectivement, une phrase grandiose en creux...

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  3. Comme je découvre ton blog un peu tard, forcément, je suis aussi en retard pour les commentaires... Je suis pleinement d'accord avec toi. Il est vrai que Pancol a beaucoup de succès, on se demande pourquoi. J'ai lu que même les inconditionnelles s'étaient insurgées contre le ratage total de la 3e partie (les écureuils)... Il faut souligner de quelle manière perverse et sadique est amené le fameux "manuel". Vraiment à oublier.... a bientôt Amartia.

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  4. @odile : ce n'est pas grave, le retard, ce d'autant plus si c'est pour se rendre compte que l'on est du même avis.

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